Le Rubis - reine des pierres précieuses
- B E L - A M I
- 25 janv. 2024
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Le nom de rubis vient du Latin « Rubeus », qui signifie « rouge ». En Inde, on le nommait en ancien sanskrit "Ratnaraj", reine des pierres précieuses, ou encore "Ratnanayaka", la première des pierres précieuses « reine des pierres ». Ne donne-t-elle pas le sentiment de receler un feu intérieur impossible à éteindre ?

C'est donc une pierre qui évoque la passion. Symbole de victoire, de charité et d'amour, on dit aussi qu’elle apaise la colère… Avec ses incomparables couleurs de sang et de feu, le rubis est souvent associé au courage ; c'est une gemme que les rois arborent sur leur couronne. Le plus bel exemple est offert par la couronne de saint Wenceslas, qui s'orne d'un rubis sans facettes d'environ 250 carats. Le rubis est aussi utilisé comme sceau, autre symbole du pouvoir. Bien qu'il n'existe plus, celui d'Alexandre le Grand (356-323 av JC) est demeuré légendaire. Passé entre les mains de l'empereur romain Auguste (63 av JC-14 ap JC), ce fameux rubis fut employé par ses successeurs jusqu'à la fin du règne de Vespasien (9-79 ap JC). Il tombe, au Moyen-Age, dans l'escarcelle des rois de France. On attribuait aussi au rubis le pouvoir d’arrêter les saignements. Aussi cette pierre était-elle chargée de protéger les chevaliers de toute blessure et de les garder en bonne santé. Voilà pourquoi nombre d'épées sont ornées de rubis.
Les couleurs du rubis.
Rubis Birman Rubis Africain Rubis Thaïlandais
Le rubis doit sa couleur à la présence du chrome. Une couleur somptueuse, qui va du rose au pourpre foncé. La nuance « sang de pigeon » est la plus rare et la plus recherchée. Elle est d’un superbe rouge franc. Les plus beaux rubis possèdent une nette limpidité et une teinte riche et lumineuse, avec des éclats pourpres se reflétant dans un rouge très saturé. Mais là on parle de gemmes de qualité très haut de gamme, souvent en provenance de Birmanie et cela les place parmi les gemmes les plus précieuses. Les gros rubis de très belle qualité sont bien plus rares que les diamants de même poids ce qui explique leur prix.
Au début de notre ère Pline l’Ancien décrivait les pierres de couleur rouge vif sous le nom carbunuculus qui a donné en vieux français « escarboucle », cependant on pense qu’il confondait toute sorte de gemmes rouges avec les rubis, dont les spinelles, grenats etc. Jean de Mandeville au XIVe siècle, raconte dans son récit de voyage en Orient, que le grand khan de Cathay (Chine) possédait une escarboucle d'un demi-pied de long, sertie sur l'un des piliers d'or de son palais, et cette escarboucle resplendissait tant dans la nuit qu'elle en illuminait la pièce comme en plein jour...
Les gisements de rubis.
Le gisement le plus connu est Mogok ; on pense que le rubis y était activement cherché depuis le IXe siècle environ. On exploite les mines de rubis au Myanmar, en Thaïlande, au Sri Lanka, en Afrique, à Madagascar, en Afghanistan, au Vietnam… Le plus grand rubis de parfaite qualité pesait 400ct ; il fut trouvé au Myanmar et fut partagé en trois pierres. Parmi les pierres exceptionnelles et célèbres : le rubis Edwardes (167 carats) doit son nom au gouverneur des Indes qui pacifia le Pendjab; il se trouve au British Museum de Londres. Deux rubis étoilés font la fierté des collections américaines : le Rosser Reeves, un cabochon d'origine srilankaise (138,7 carats) , fait celle de la Smithsonian Institution, tandis que le Long Star (100,32 carats,) taillé en cabochon et provenant de Birmanie (Myanmar) peut être admiré au musée d'histoire naturelle de New York. Tout comme le "Rubis de la Paix" dont le nom rappelle qu'il a été trouvé en 1918, juste après la Premierre Guerre mondiale. Originaire d'Inde elle aussi et d'un poids brut de 30 000 carats, une pierre remarquable a été taillée en un cabochon ovale étoile (6 465 carats) mais son aspect reste médiocre, comme on pourra en juguer chez Eminent Gems à New York.
Le rubis - une pierre royale !
Énormément de rubis rehaussent de leur éclat les joyaux prestigieux de couronnes de monarques ou d'autres bijoux splendides. Cependant tous les « rubis » anciennement connus ne sont pas tous des corindons. A titre d’exemple : le célèbre rubis du Prince Noir ornant la couronne britannique s’est révélé d’être un superbe spinelle que l’on a longtemps considéré comme un rubis. Idem pour le « Rubis de Tamerlan », serti dans un collier des joyaux de la couronne d'Angleterre. Même destin était aussi celui des spinelles de la couronne des Wittelsbach (1830) qu’on a pris aussi pour des rubis. Ou encore le spinelle « Côte de Bretagne » qui se trouve au musée du Louvre à Paris. Si vous avez la possibilité visitez la galerie d’Apollon au Louvre et les bijoux de la la couronne. Plusieurs camées légendaires et autres intailles antiques ont été gravés dans des rubis birmans. Si le sceau-portrait d'Alexandre, déjà évoqué, a disparu, nous sont parvenus le portrait de Livie, épouse de l'empereur Auguste (intaille de 7,08 carats) et celui de Titus, monté sur bague à la Renaissance. Le British Museum conserve une bague du XVIIIe siècle, dont le rubis sculpté en camée représente madame de Montespan. Réalisée en 1346 à la demande du roi de Bohême Charles IV de Luxembourg (1316-1378), la couronne de saint Wenceslas s'orne du plus gros rubis de qualité gemme connu. Elle est conservée dans la cathédrale Saint-Guy de Prague, à l'intérieur d'un reliquaire où elle ceint le crâne de saint Wenceslas, qui régna sur la Bohême de 921 à 929. On l'utilisait également lors du couronnement des rois des Bohême, jusqu'à celui de. l'empereur Ferdinand Ier d'Autriche en 1836. De facture d'inspiration française, elle reste le plus riche joyau du Moyen-Age à être parvenu jusqu'à nous. Et quelle couronne ! Autour du rubis de 250 carats environ (sa taille est d'environ 39,5 x 36,5 x 14 mm), se trouvent 19 saphirs cabochons dont six pesant entre 200 et 330 carats, un spinelle de 100 carats et 44 autres spinelles, 26 émeraudes et 20 perles. La croix dont elle est surmontée renferme une épine de la couronne du Christ, qui fut donnée à Charles IV par le roi de France Jean II le Bon (Charles IV s'était battu au côté des Français lors de la bataille de Crécy en 1346). Le Trésor iranien abrite un fabuleux globe terrestre, unique en son genre, couvert des plus belles pierres précieuses dont des rubis remarquables (qui proviennent entre autres du pillage de Delhi en 1739). D'autres ornent le trône du Shah Nader (1688-1747). Dans ses relations sur ses voyages aux Indes, Tavernier mentionne une pierre de 17,5 carats passée entre les mains, en 1653, du maharadjah de Bijapur. On connait aussi le Gnaga Boh (Seigneur dragon), 20 carats qui fut offert au roi birman Tharawadis (1837-1846). D'autres pierres de grand poids: deux fabuleux rubis de 98 et 74 carats, dits Nga Mauk et Kallahpyan, furent clivés d'un même cristal, alors que une autre gemme de 400 carats, dit Maung Lin, fut coupé en trois morceaux, dont l'un resta brut et les deux autres facettés en pierres de 70 et 45 carats. La vente en Birmanie (Myanmar) de deux rubis (l'un de taille coussin pesant 37 carats, l'autre de taille poire de 47 carats), mobilisa en 1875 une escorte armée! Ces gemmes retaillées par J. N. Forster en gardent maintenant le nom et furent alors vendues 10 000 livres et 20 000 livres. A la même époque, l'Étoile d'Afrique du Sud, diamant brut de 83,50 carats anciens, valait 25000 livres! Mais l'un des records était atteint par un rubis appartenant au gemmologue américain Allan Caplan, vendu aux enchères à New York en octobre 1988 par Sotheby's pour 3 630 000 dollars, soit 227 300 dollars par carat, qui dit mieux?
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